L’offre de livre électronique

  • | mise à jour le 17/03/2023

L’offre de livres électroniques

1 –Introduction

1.1 Tentative de définition

1.2 Quelques repères historiques

1.3 Paysage éditorial

2 – Offre de livres numériques à destination des bibliothèques

2.1 Contexte (ou Environnement)

2.2 L’implication de Couperin

2.3 L’offre commerciale

2.4 Les licences nationales

2.5 L’offre gratuite et les Archives ouvertes

3 – Panorama thématique des offres commerciales 

3.1 Pluridisciplinaire

3.2 SHS

3.3 Sciences Eco et juridiques

3.4 S&T

3.5 Sciences médicales

4 – Perspectives

            4.1 Perspectives techniques

            4.2 Les étudiants

            4.3 Le rôle de l’Etat

4.4 Et le rôle des bibliothèques

1 – Introduction

  1. 1Tentative de définition 

Dans le langage courant, le terme de livre numérique ou e-book renvoie à deux réalités : un contenu (concrètement il s’agit d’un ou plusieurs fichiers) ou un appareil de lecture (autres termes courants : reader, livrel, liseuse, tablette)

Ici nous désignons sous les expressions livre électronique, livre numérique ou e-book, tout livre publié dans un format électronique. 

La lecture d’un livre numérique suppose le bon mariage entre 4 éléments : un contenu (texte, image, son …), un format (HTML, pdf, ePub, format propriétaire), un ou des logiciels capable de lire ces formats et un appareil de lecture équipé des logiciels de lecture appropriés.

La frontière entre un livre électronique et d’autres ressources électroniques n’est pas toujours claire :

  • encyclopédie ou dictionnaire numérique : encore un livre ? Déjà une base de données ? 
  • certaines séries de livres académiques (par exemple les « serials » de Springer) : livre ou revue ? 
  • collection d’e-books avec des contenus dynamiques créés et ajoutés par la plateforme de diffusion (exemple de Knovel) : base de données ? 
  • corpus de textes : est-ce une collection de monographies ou une base de données en texte intégral ? 

De plus, la gestion éditoriale des livres numériques contribue à brouiller davantage les catégories classiques dérivées de l’imprimé. Citons par exemple :

  • la politique dite de « pick and mix » qui permet de prendre des parties d’ouvrages (chapitre, extraits…) et de les commercialiser séparément 
  • le référencement de ressources possédant un ISBN, mais qui ne sont pas considérés comme « livres » en tant que tel (rapports de sociétés par exemple) 

Usuellement, on peut admettre deux définitions du livre électronique : 

  • le livre dit « homothétique », ensemble documentaire clos, copie du papier et dont le caractère principal est d’être réversible avec lui. Il s’agit de la définition légale actuellement en vigueur en France. 
  • Le livre « enrichi », possédant des liens vers des objets multimédias voire pouvant potentiellement interagir avec le lecteur. La bande-dessinée fournit un bon exemple 

L’identification complexe des caractéristiques et fonctionnalités du livre électronique explique la difficulté à dresser un tableau exhaustif de l’offre de livres électroniques. 

Dans ce panorama, la définition d’un livre numérique pourrait être : monographie, lisible en continu, dont le contenu est fixé à une date donnée et qui présente une unité documentaire 

  1. 2Quelques repères historiques 
  • Le « livre libre de droits » en avant-première 
  • Projet Gutenberg : numérisation d’œuvres du domaine public initiée en 1971 (stockage local) et poursuivie sur Internet dès 1991. Un projet précurseur du web collaboratif. 
  • Bibliothèques numériques spécialisées : dans la continuité du mouvement des Archives Ouvertes, des monographies sont ajoutées dans les réservoirs d’articles ou des réservoirs spécifiques sont créés. Exemples : projet Euclid (Cornell University : 173 CR congrès, 317 monographies en 2019) ; Numdam pour la Numérisation d’Archives de Math. 
  • Les éditeurs se lancent 
  • 1996 : les éditeurs français commercialisent des ouvrages de référence (Larousse, Hachette Multimédia, Universalis). Le grand public est privilégié dans ce premier temps. 
  • ·2000 : lancement de la 1ère plateforme française Numilog 
  • 2008-2010 : boom des plateformes d’éditeurs et d’agrégateurs. L’offre se diversifie et les monographies sont de plus en plus souvent éditées en même temps sous forme papier et numérique. 
  • Bibliothèques numériques patrimoniales : les grandes bibliothèques numérisent leur patrimoine écrit. En France, depuis 1997 : Gallica, Medica, etc.‏ 
  • 1996 :leséditeurs scientifiques anglo-saxonsproposent une offre commerciale en ligne (Wiley, Springer, Blackwell, Elsevier)‏ 

En savoir plus : LEBERT, Marie. Une courte histoire de l’ebook. En ligne : https://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/49245-une-courte-histoire-de-l-ebook.pdf

  1. 3Acteurs de la chaîne du livre numérique 

Avec le livre numérique, les fonctions sont souvent moins distinctes qu’avec le livre papier. On retrouve quand même les 3 grands métiers mais certains acteurs cumulent plusieurs fonctions.

  • Désormais presque tous les éditeurs traditionnels proposent une publication numérique ; les éditeurs tout public comme les éditeurs pour l’enseignement. Des éditeurs exclusifs de livres numériques sont également apparus mais souvent sur des secteurs de niches et pour les livres-applis. 
  • Diffuseurs-distributeurs. Ils sont issus des acteurs traditionnels du livre ou nés de regroupements d’éditeurs : Immateriel, ePagine, EdenLivre, etc. 
  • Grossistes et agrégateurs. Les grandes sociétés de diffusion de l’information scientifique ont massivement investi la vente de livres électroniques aux collectivités, rôle traditionnellement dévolu aux grossistes dans l’univers papier. Travaillant en relation étroite avec les éditeurs au titre de la distribution de revues (Ebsco, Cairn) ou de livres, ces acteurs se sont naturellement imposés grâce à leur connaissance des préconisations techniques de leurs clients institutionnels. 
  • Une majorité des grandes librairies physiques et chaînes de librairies ont une offre de livres numériques, en ligne et/ou en boutique, en parallèle à leurs fonds papier. Des librairies n’existant que sur Internet et ne commercialisant que des livres numériques sont apparues (aussi appelées Pure players) : Immateriel.fr, ePagine, GooglePlay, Numilog, Feedbooks, etc. Dans cette catégorie se trouvent aussi les librairies liées à une famille d’appareils : Amazon, Apple iBookStore, Kobo (racheté par Rakuten en 2011),Fnac, etc. 

Il faut néanmoins souligner que dans la chaîne actuelle, les éditeurs restent maîtres en tout état de cause des modes de commercialisation de leurs ouvrages. 

Ainsi, pour l’instant, aucune librairie ni aucun diffuseur ne peuvent proposer tous les titres disponibles.

Il faut aussi noter l’instabilité non négligeable du secteur comme en témoignent la faillite de Swets en 2014 ou celle de Dawson en juin 2020.

2     2 – Offre de livres numériques à destination des bibliothèques  

2.1 Contexte (ou Environnement)

  • L’offre numérique pour les bibliothèques est très différente de l’offre pour les particuliers : elle est moins large et aucun fournisseur ne peut proposer l’ensemble de l’offre existante. 
  • Les bibliothèques doivent passer par des fournisseurs qui autorisent un usage collectif des documents (la loi de 2003 sur le droit de prêt ne s’applique pas aux e-books). 
  • Notion de licence d’usage comme pour les autres ressources numériques. 
  • Modèles économiques particuliers :
    • abonnement ou achat, au titre ou par bouquet 
    • coûts souvent indexés sur la taille de la population desservie (FTE) ou sur l’usage. 
    • Certains livres ne peuvent être acquis ou abonnés de façon individuelle : ils sont proposés seulement dans le cadre de bouquets. 
    • Il y a un fort déséquilibre entre l’offre en langue anglaise (75%) et l’offre en français ou dans d’autres langues. 
    • Certains secteurs disciplinaires sont encore peu couverts, ou bien ils sont couverts mais pas pour tous les niveaux. De façon générale l’offre de manuels à destination du cycle Licence est encore assez pauvre. 

Le marché du livre numérique pour les bibliothèques est encore en devenir et en invention.

2.2 L’implication de Couperin

L’intégration des e-books par les établissements et l’implication de Couperin ont été progressives. Voici quelques dates repères :

  • 2000 : les BU s’intéressent aux e-books par le biais des ouvrages de référence en ligne (dictionnaires et encyclopédies) ; Numilog apparaît sur le marché français. 
  • 2002-2003 : certaines BU étudient les plates-formes de Numilog, Netlibrary… Couperin crée le pôle « Livres électroniques » et négocie avec les grands éditeurs scientifiques (Ovid, Springer, Wiley, Elsevier). Peu d’achats d’e-books exceptés l’Encyclopaedia Universalis et Netlibrary. 
  • 2004 : 1ère journée Couperin sur « le livre électronique dans l’enseignement supérieur » organisée à la Sorbonne 
  • 2008 : 4ème journée Couperin sur le Livre électronique « De l’acquisition à la diffusion » : les e-books sont bien présents en BU ; la CeB est créée pour coordonner les négociations et la veille 
  • 2009 : enquête de Sophie Brezel sur les pratiques et usages des e-books auprès des membres de Couperin. 
  • 2010 : 5ème journée Couperin sur le livre électronique « Quelles pratiques pour quels usages » : confronte le regard des éditeurs, les enquêtes auprès des utilisateurs, les analyses de chercheurs en Sciences sociales. 
  • 2012 : 6ème journée Couperin « L’intégration du livre électronique dans l’écosystème de l’établissement. » 
  • 2014 : 7èmejournée Couperin sur le livre électronique : « Livre électronique et open access »
  • 2016 : 8èmejournée Couperin sur le livre électronique : « Innovations et expérimentations autour du livre électronique : auteurs et éditeurs dans l’univers académique »
  • 2017 : Enquête sur les usages du livre numérique en bibliothèque académique
  • 2019 : 9èmejournée Couperin sur le livre électronique « Chacun cherche son ebook : comment intégrer une offre de ebooks dans une politique de service ? » Voir le compte-rendu sur le site couperin.org. 
  • 2019 : Publication d’un manuel numérique en open access

2.3 L’offre commerciale pour les bibliothèques

  • Les fournisseurs d’e-books pour les bibliothèques sont de 3 sortes. 
Agrégateurs pluridisciplinairesAgrégateurs spécialisésEditeurs
Sont les intermédiaires entre les éditeurs et les bibliothèques au moyen d’une plateforme propreSont les intermédiaires entre les éditeurs et les bibliothèques au moyen d’une plateforme propreOffre directe aux bibliothèques sur la plateforme de l’éditeur
Large catalogue (+ 100 000 titres)Catalogue de taille moyenneL’ensemble du catalogue numérique de l’éditeur est généralement proposé
Titres de plusieurs éditeursTitres de plusieurs éditeursTitres de l’éditeur uniquement
Plusieurs disciplines (SHS, ST, Médical, ScEco, etc.)Spécialisation sur quelques disciplinesLe degré de spécialisation dépend de la politique éditoriale de l’éditeur
Le modèle économique dominant est l’achat au titre à titre.Le modèle économique dominant est l’abonnement à un bouquet.2 modèles économiques sont pratiqués : achat ou abonnement
  • Les modèles économiques sont très variés et combinent achat ou abonnement, au titre ou au bouquet 

Le tableau ci-dessous propose une comparaison des 4 modèles économiques actuellement existants. Plus de détails sur ces modes d’acquisition et sur les aspects juridiques sont donnés dans la partie 3 (lien vers la partie 3 de la base documentaire)

ModèlesAvantagesInconvénientsVariantePertinence documentaire
Achat classique-Titre à titre le plus souvent possible – Conservation pérenne de l’exemplaire– Solution éventuellement plus chère (frais de plateforme, nécessité d’acheter les nouvelles éditions) – Comment sont réellement garantis la conservation et l’accès pérenne ?Achat de crédits de consultationsCollection à usage et rotation lents
Achat par PDA (patron driven acquisition)– Accès des lecteurs à tout le catalogue du diffuseur – Achat au titre selon les besoins réels des usagers – Meilleur usage de la collection– Paramétrage : suivi et validation à mettre en place – Perte du rôle de prescripteur du bibliothécaire? Collection spécialisée
Achat par EBS (evidence based selection)– Accès des lecteurs à tout le catalogue ou à toute une collection – Achat au titre basé sur des usages constatés– Accompagnement de l’usager lors de l’année test – Investissement financier   minimum au départ Collection spécialisée
Abonnement– Rapport prix/titre est plus avantageux dans le cadre des bouquets – Collections actualisées (intégration des nouvelles éditions) – Plus grande souplesse dans la politique documentaire – Usage plus large (consultation illimité)– Perte du contenu à l’interruption de l’abonnement – Abonnement souvent obligatoire à de grandes collections avec un tarif en proportion – Ce modèle ne s’applique pas à tous les titres – Perte du choix du contenu quand le bouquet est défini par le fournisseur– « Slots » = échanges de titres – bouquet à la carte constitué par la bibliothèque – location courte (1 à 3 semaines) – Collection à usage et rotation rapide (ex. informatique) – manuels

Les modalités d’accès et fonctionnalités de lecture dépendent du type de fournisseur et du type d’acquisition :

  • Généralement l’accès simultané est illimité pour les abonnements et pour les achats sur plateforme d’éditeur. A l’opposé, les accès seront plus restreints pour les titres achetés via un agrégateur : un seul lecteur à la fois ou bien plusieurs lecteurs simultanés mais avec un quota annuel d’actes de lecture ou de crédits consommés. L’idée est d’ajuster les achats d’exemplaires en fonction de l’usage constaté. 
  • L’autorisation d’accès via IP est la règle générale, ainsi que l’accès nomade. Les accès par mot de passe ou par authentification Shibboleth sont parfois proposés. 
  • Plusieurs modes de lecture cohabitent : en ligne, en téléchargement
  • Actuellement, les technologies sont verrouillées (DRM) et permettent rarement de transférer les contenus sur d’autres supports de lecture que les ordinateurs portables. (lien vers la partie 4) 

Les fonctions plus avancées sont très variablement possibles et permises :

  • Impression (au moins de quelques pages)
  • Téléchargement sous forme de pdf (au moins de quelques pages)
  • Copier-coller, parfois
  • Après création d’un compte personnel, certaines plateformes permettent de surligner des zones du texte, l’ajout d’annotations, la création de dossier ou d’étagère personnels avec mémorisation des livres ou chapitres préférés.

Les services aux bibliothèques :

  • La fourniture des statistiques d’usage
  • La fourniture de métadonnées et de permaliens
  • Le PEB est rarement permis. Certains fournisseurs proposent un système de location de courte durée qui pourrait remplacer le PEB classique mais avec déplacement de la prestation de services depuis les accords entre bibliothèque vers le domaine commercial.

Chaque année, la Cellule e-book de Couperin établi une typologie des offres négociées qui précisent, pour chaque fournisseur et/ou offre, les modalités d’acquisition et les fonctionnalités d’accès et d’usage. Un comparateur dynamique permet aussi de faire un focus entre plusieurs offres.

2.4 Les Licences Nationales

Les licences nationales constituent un dispositif permettant d’acquérir la documentation électronique au niveau d’un pays pour desservir l’ensemble des bibliothèques de ce pays. En France, dans le cadre de la mise en place de la Bibliothèque Scientifique Numérique (BSN), devenue Ouvrir la Science ), l’ABES est mandatée depuis 2010, par le Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, pour négocier et acquérir des ressources sous forme de licences nationales en s’appuyant sur les expertises du consortium Couperin et de l’INIST-CNRS.

Les ressources ainsi acquises sont accessibles à l’ensemble des communautés d’enseignement et de recherche françaises et décrites en détail sur le site des licences nationales  :

En 2020, on compte, pour les ebooks (y compris les encyclopédies), plus de 15 ressources acquises totalisant plus de 40 000 titres.

Ce projet de licences nationales présente des innovations majeures par rapport aux traditionnels groupements de commandes portés par l’ABES :

  • un financement à la source directement par le Ministère ; 
  • un périmètre beaucoup plus large : a minima le périmètre concerne tous les usagers des établissements ayant une mission d’enseignement supérieur et/ou de recherche. Ce périmètre est susceptible d’être élargi aux usagers de la BnF et de ses pôles associés ainsi qu’éventuellement aux publics inscrits dans les bibliothèques municipales et à la Bibliothèque publique d’information, sous réserve d’un partenariat financier ; 
  • des accès facilités : les ressources seront accessibles dans un premier temps sur les plateformes des éditeurs mais leur transfert sur une plateforme nationale d’accès est fortement préconisé. 

La sélection des ressources s’effectue dans le cadre du dispositif de coordination des acquisitions numériques qui comprend un comité de pilotage et un comité technique. Les achats portent sur des archives de revues et d’e-books et non sur des abonnements courants. Les prochaines acquisitions sont actuellement à l’étude dans le cadre du projet ISTEX .

2.4 L’offre gratuite et les Archives Ouvertes

Ces ouvrages ne peuvent remplacer les ouvrages de l’offre commerciale mais se développent de plus en plus. On peut distinguer 3 grandes familles.

  • Livres patrimoniaux numérisés et œuvres, littéraires ou non, du domaine public 
    • Certaines collections sont regroupées en véritables bibliothèques numériques : Gutemberg, Gallica, Europeana, Medic@, Les Classiques des Sciences Sociales, projet Euclid (Cornell University ), Numdam… Ces bibliothèques numériques contiennent souvent d’autres types de documents en plus des livres : presse, images, cartes, etc. 
    • Certaines librairies en ligne ont également une offre d’e-books gratuits : Feedbooks, Numilog…Signalons le rôle de « portail » de l’édition que joue Gallica, grâce au référencement de partenaires commerciaux nommés « e-distributeurs ». En théorie, l’interrogation simultanée de leurs catalogues permet de connaître la disponibilité d’un ouvrage numérique, et si cette version est gratuite ou payante. 
    • D’autres titres sont diffusés de façon plus dispersée. Des sites ou annuaires tentent de les recenser : The Online Book Page, partie e-book de l’Internet Archive… 
  • Livres récents diffusés gratuitement, parfois sous licence Creative Commons
    • Ces livres sont parfois très difficiles à localiser car ils sont diffusés sur des pages personnelles ou des sites associatifs, parfois sous forme de toutes petites collections. 
    • D’autres titres sont diffusés par des sites spécialisés, parfois en même temps qu’une offre payante. Il peut s’agir de publications d’origine institutionnelle ou d’ouvrages édités par des éditeurs commerciaux ou académiques. 
    • Enfin se développe une offre de livres numériques gratuits pour l’enseignement avec parfois la difficulté d’évaluer la caution scientifique de tels ouvrages : BookBoon, projet OpenStax… 

Ici aussi des sites personnels ou institutionnels tentent de faire un recensement : 

  • Annuaire de l’Institut Pasteur 
  • Archives Ouvertes / Open Access

Dans la continuité du mouvement bien connu dans le secteur des articles et des revues, des livres numériques récents sont diffusés en Open Access. 

  • Plusieurs dépôts d’Archives Ouvertes ont élargi leur contenu en intégrant des livres. Par exemple : HAL, CalTech… 
  • D’autres réservoirs sont uniquement centrés sur le livre : InTech par exemple.
    • Un modèle innovant est proposé par OpenEdition  : un ensemble de livres est en accès gratuit uniquement pour la lecture streaming. A travers une offre d’abonnement Freemium pour les bibliothèques le téléchargement sans DRM (ePub ou pdf) devient possible ainsi que d’autres services : statistiques, tableau de bord, notices MARC, systèmes d’alerte. OpenEdition Freemium est donc une plateforme construite sur le modèle économique par lequel les textes sont gratuits, mais les services autour sont payants. Ainsi dans le cas des ebooks, le modèle économique a pris en compte les particularités du livre électronique et a évolué vers un modèle mixte gratuit/payant
  • Le cas de Google Books

Google Livres , ou Google Books en anglais (anciennement Google Print), est un service en ligne fourni par la société Google. Il a été lancé en décembre 2004, et il a vu son champ d’activité s’élargir progressivement. Aujourd’hui, il permet cinq usages principaux : 

–       interrogation et recherche à l’intérieur d’un ensemble de textes, 

–       consultation de livres ou de parties de livres en ligne ou sur appareil mobile, 

–       constitution de collections personnelles en téléchargeant des ouvrages libres de droits,

–       librairie en ligne via la boutique Google Play (fiche Wikipédia), 

–       un outil permettant de trouver où emprunter un exemplaire de livre en bibliothèque, 

–       fourniture d’informations complémentaires (métadonnées ) sur les œuvres. 

Le nom du programme Google Books désigne communément plusieurs éléments distincts : le service de recherche « Google Book Search », le « Google Book Partner Program » qui permet aux éditeurs d’inclure ou non leurs ouvrages dans la base de données de Google, et le « Google Books Library Project » qui regroupe les partenariats avec les bibliothèques, afin de mettre en ligne des ouvrages libres de droits, numérisés ; on peut citer comme bibliothèques partenaires celle de l’Université du Michigan, de Princeton, de l’Université Complutense de Madrid, de Catalogne, et la Bibliothèque Municipale de Lyon.

En 2008, la bibliothèque virtuelle Books comptait plus de 7 millions de livres, et 25 millions en 2019, dont une partie seulement est consultable directement depuis le site (3 millions aux États-Unis).

Il s’agit aujourd’hui du plus grand corpus textuel au monde, et sa mise en place a connu plusieurs importantes batailles juridiques qui ont marqué le monde de l’édition et façonné le paysage du livre numérique, en France et aux États-Unis notamment.

3 – Panorama thématique des offres commerciales 

Les grands agrégateurs pluridisciplinaires proposent des titres de très nombreux éditeurs universitaires ou professionnels, depuis les petits éditeurs jusqu’aux grands éditeurs internationaux incontournables en passant par les presses universitaires. La majorité des fonds sont en langue anglaise, mais d’autres langues (français, espagnol, chinois, etc.) se développent. Ces fournisseurs sont donc incontournables pour constituer un fonds multidisciplinaires à la carte. 

Quelques remarques cependant. 

  • Un nombre non négligeable d’éditeurs ne sont pas encore présents sur ces plateformes. 
  • Certains éditeurs, surtout les plus gros, n’ont pas accordé aux agrégateurs l’ensemble de leur catalogue numérique 
  • La politique de diffusion des livres électroniques est très dépendante du segment éditorial considéré : il est ainsi pratiquement impossible de disposer de manuels à jour 
  • Ces réserves émises, reste que certains éditeurs ont sauté le pas : Dunod, Dalloz, Eyrolles, Quae, EDP science, LGDJ 

3.1 SHS – Voir le Comparateur de livres électroniques ainsi que la Typologie conçus par la Cellule Ebooks de COUPERIN.

3.2 Sciences Eco et juridiques – Voir le Comparateur de livres électroniques ainsi que la Typologie conçus par la Cellule Ebooks de COUPERIN.

3.3 Sciences et Techniques – Voir le Comparateur de livres électroniques ainsi que la Typologie conçus par la Cellule Ebooks de COUPERIN.

3.4 Sciences médicales – Voir le Comparateur de livres électroniques ainsi que la Typologie conçus par la Cellule Ebooks de COUPERIN.

4 – Perspectives 

4.1 Perspectives  techniques

Le livres numérique introduit de nouvelles fonctionnalités par rapport au livre papier en terme de manipulation des contenus : rechercher dans le texte intégral, surligner, annoter, se créer une étagère d’ouvrages ou de chapitres favoris.

Le prêt d’ouvrages numériques est à développer pour consulter sans se déplacer ou télécharger et lire plus tard. Un dispositif est en cours de mise en place avec le hub Dilicom. Le Hub Dilicom est un portail interprofessionnel qui permettra de faire le lien entre éditeurs, libraires et bibliothèques. Les fichiers des éditeurs seront déposés sur une plateforme ; les bibliothèques pourront acheter les livres auprès des librairies. Dilicom établira un lien qui permettra le prêt numérique depuis le portail de la bibliothèque. Ce dispositif redonnerait une place au libraire dans cette nouvelle chaîne du livre numérique, mais le modèle économique actuellement développé par Dilicom n’est pas favorable aux bibliothèques. 

Les livres numériques peuvent accompagner la prise en charge du handicap. Des fournisseurs ont une offre de livres audio à destination des bibliothèques (Numilog, Ebsco…).

De nouvelles pratiques de lectures, de médiation et de partager des contenus sont à venir : écriture partagée des commentaires, communauté de lecteurs, intégration de chapitres dans des cours en ligne, etc. 

4.2 Les étudiants

Le public évolue : digital natives, des utilisateurs de plus en plus habiles, un marché potentiel émerge

  • Les étudiants en France (chiffres rentrée 2019):
    • 2 700 000 étudiants / 837 € budget mensuel 
    • 73% d’entre eux auraient un ordinateur, et 98 % d’entre eux auraient un accès à Internet (chiffres INSEE et OVIE) 
  • Enquête CNL 2019 :
    • 18 % ont déjà lu des livres électroniques, et plus de la moitié l’ont fait en utilisant un ordinateur portable. 
    • Principal frein à l’usage : la lecture fatigante sur écran 
    • Principale motivation pour l’usage : le transport et le stockage faciles 

4.3 Le rôle de l’Etat

La demande s’organise avec le projet de licences nationales

4.4 Et le rôle des bibliothèques…

Les bibliothèques s’unissent pour étudier et accompagner ce nouveau support.

Pour les bibliothèques académiques : 

  • Création en 2007 de la Cellule e-book du consortium Couperin (1999- ). 

(1999 – ).

  • Coordination des négociations d’e-books dans l’enseignement supérieur 
  • Veille et expertise 

Pour les bibliothèques publiques : 

  • Création du consortium Carel, devenu association Réseau Carel (coopération pour l’accès aux ressources numériques en bibliothèque)

Pour permettre aux usagers d’accéder aux ebooks, le prêt de tablette numérique et/ou de liseuses, avec ou sans contenu est proposé dans de nombreuses bibliothèques (académiques et publiques). 

Négociation d’e-books : la contribution de la CeB 

Le travail de la « Cellule e-book » (CeB) de Couperin se structure autour de deux grands axes : la coordination des négociations e-books au sein du Consortium et la veille sur les thématiques et problématiques liées aux e-books.

  • Harmoniser et coordonner les négociations 
  • Convaincre les éditeurs : les 10 commandements 
  • Aider les négociateurs : boîte à outils 
  • Susciter une nouvelle offre intégrant des mises à jour plus fréquentes, et privilégiant la navigation, l’interactivité et l’iconographie (exemples en santé : Wolters Kluwer et Elsevier-Masson depuis 2010 ; en 2013 Conf+ de l’éditeur S Editions ; BNDS des Editions Hospitalières combinant livres et revues en Droit de la Santé). 
  • Tester de nouveaux modèles et de nouveaux contenus : Immatériel (2009), Licence nationale mutualisée avec Gale (2011), Modèle EBS avec Elsevier (2011). 
  • Activités de veille 
  • Veille sur les ressources : Typologie annuelle des e-books, synthèse sur les formats 
  • Travail avec les groupes de veille disciplinaires du consortium 
  • Veille sur les usages : Enquête 2017
  • Aide aux collègues dans leur travail d’acquisition, avec le Comparateur d’e-books et la liste des Idées reçues sur les e-books 

Les 10 commandements à l’éditeur d’e-books : pour une offre idéale document élaboré par la CeB et disponible en ligne 

1. Faciliter l’accès au contenu

2. Intégrer les usages pédagogiques

3. Assurer l’archivage pérenne et l’accès perpétuel

4. Offrir un contenu accessible au budget des bibliothèques

5. Développer des services centrés sur l’usager

6. Offrir l’accès le plus large aux contenus

7. Publier des éditions récentes

8. Fournir des statistiques d’usage

9. Libérer les usages

10. Innover, expérimenter en partenariat

4-5 – Les enjeux de l’avenir: 

Le contexte pour les bibliothèques institutionnelles, est marqué par la diminution des budgets. Les enjeux de l’avenir sont donc marqués par le souhait d’optimiser les sommes dépensées pour acquérir des livres électroniques, et garder un accès définitif à leur contenu. Concrètement, cela se traduit par :

  • le regroupement des entités qui coordonnent les achats, de façon à les mutualiser, 
  • par le souci de les pérenniser sur les supports électroniques : ISTEX (Initiative d’excellence de l’Information Scientifique et Technique), 
  • par l’ouverture à des collaborations avec d’autres institutions, en France (ABES, INIST-CNRS, accès de la documentation aux bibliothèques de musées et aux bibliothèques associées de la BNF) ou en Europe, 
  • par une place de plus en plus grande faite aux archives résultant de la publication des travaux de la recherche sous forme d’archive ouverte, (promotion de l’Open archive), 
  • par la recherche permanente d’un meilleur modèle pour la mise à disposition des ebooks auprès des lecteurs : susciter et tester de nouvelles fonctionnalités comme la manipulation et le partage de contenu, et de nouveaux modes de prêt, comme le prêt de tablettes ou le prêt de fichiers numériques. 

Conclusion

En près de de deux décennies d’existence, le paysage éditorial du livre numérique s’est progressivement organisé. 

La mise à disposition des documents numériques pour les publics, (numérisation de productions universitaires, mise en place des archives ouvertes et des licences nationales, etc.) s’est accrue et donne un plus large accès aux savoirs.

Les éditeurs, producteurs et/ou diffuseurs de livres numériques et les bibliothèques ont établi des espaces de dialogue visant à mieux saisir les besoins des lecteurs et des institutions et à élaborer de nouvelles offres pour y répondre, tant économiquement que techniquement. 

Certains points restent cependant perfectibles, que ce soit pour les fonctionnalités des plateformes de lecture, très diverses d’un fournisseur à l’autre, pour les titres proposés, corpus parfois trop larges ou trop incomplets, ou pour la qualité des métadonnées.

En ce milieu d’année 2020, la question du stockage pérenne des titres achetés définitivement est rendue particulièrement sensible par l’actualité touchant un acteur important de la distribution de livres numériques (Dawson). Sans préjuger à ce stade de l’issue réservée aux institutions qui en étaient les clientes, il apparaît que l’enjeu de l’accès pérenne aux titres achetés constituera l’une des questions majeures concernant le livre numérique en bibliothèques.