Recommandations aux éditeurs d’ebooks

  • | mise à jour le 17/03/2023

Pour une nouvelle offre de livres numériques à destination des bibliothèques académiques :

Libérer les Usages, faciliter l’Accès

La Cellule e-book de Couperin propose un guide  de recommandations à destination des éditeurs afin de les guider vers une réponse adaptée aux besoins des établissements d’enseignement supérieur français. Il s’agit de prendre en compte la diversité des publics, étudiants, enseignants, mais aussi bibliothécaires. L’offre de livres électroniques doit prendre en compte une variété d’attentes, être conçue en partenariat. Le livre électronique est à un carrefour, entre modèles dérivés du monde de l’imprimé et expérimentations. L’édition doit écouter ces besoins et s’emparer de ce sujet pour exploiter tout le potentiel du livre électronique. Une nouvelle offre idéale de livres numériques pour les bibliothèques académiques doit respecter ces commandements :

  • offrir davantage d’ouvrages au contenu enrichi ;
  • s’emparer de toutes les évolutions du droit pour améliorer l’offre de services ;
  • élaborer de nouveaux modèles économiques adaptés à la diversité des usages et au développement de l’Open Access ;
  • créer des environnements techniques ouverts qui encouragent la lecture ;
  • co-construire avec les bibliothèques et les enseignants.
RECOMMANDATIONS DE COUPERIN AUX ÉDITEURS Contenu de l’offre Fournir la dernière édition des livres de leur catalogue ; Ouvrir la possibilité de modifier la liste de titres au moins une fois par an, pour les offres en abonnement ; Offrir du contenu enrichi par des liens externes vers le Web mais aussi des images, des vidéos, des exercices interactifs et d’auto-évaluation. Usages pédagogiques et scientifiques Autoriser le référencement et la citation des e-books dans les cours, les bibliographies réalisées avec des logiciels de gestion de références bibliographiques libres ou commerciaux ; S’assurer de la transparence des usages pédagogiques autorisés en fonction du modèle d’accès proposé. Proposer systématiquement  les enrichissements, qu’il s’agisse de contenus média ou audiovisuel pour faciliter l’apprentissage, mais aussi de fonctionnalités telles que des tests de positionnement Promouvoir une offre en Open Access et faciliter le dépôt des ouvrages dans des archives institutionnelles Autoriser et faciliter de nouveaux services, tel le TDM  Proposer systématiquement des outils d’annotations et partage entre communautés, au sein de la classe ou entre pairs. Aspects techniques S’engager dans des mesures garantissant l’accès perpétuel au contenu déposé sur PANIST ; Assurer la portabilité sur tous types de supports numériques grâce à des fonctionnalités responsive design ; Autoriser le prêt entre bibliothèques. A minima, les moyens d’exporter et d’imprimer doivent être explicitement indiqués ; Doter chaque ouvrage d’une adresse URL stable et interprétable (dont les paramètres apparaissent en clair) ; Rendre explicites les politiques de mise à disposition des métadonnées ; Fournir régulièrement et rapidement les métadonnées vers les bases de connaissance sans perte de qualité le long de la chaîne de traitement ; Suivre les recommandations KBART ;  Proposer l’accès nomade, authentifié et sécurisé (fédération d’identités de type Shibboleth, serveur proxy, reverse proxy et VPN) ; Proposer des plateformes de livres électroniques compatibles avec les systèmes d’information des établissements ; Fournir régulièrement les statistiques de consultation en respectant les recommandations COUNTER. Personnaliser les plateformes pour tenir compte des spécificités des établissements ; Autoriser l’exploitation des métadonnées des e-books sur BACON. Aspects juridiques et DRM Afficher clairement les DRM, préciser les matériels et logiciels requis pour consulter les documents ; garantir la vie privée des utilisateurs conformément au RGPD, quel que soit le mode de lecture des e-books ; faire connaître les responsabilités de chaque acteur de la gestion des droits lors de l’utilisation de DRM et en particulier les garanties relatives à l’accessibilité et la pérennité du fichier. Quelle que soit la DRM choisie, garantir la pérennité de l’accès et la possibilité de lire sur tout support de lecture En cas de coupure liée à un problème technique, accepter de prendre en charge le dommage. Aspects économiques Varier et mixer les modèles économiques pour proposer le PDA (Patron Drive Acquisition), l’EBS textebooks KU, en tenant compte des besoins d’usages et des budgets, permettre l’acquisition des documents au titre à titre ; Favoriser l’Open Access en proposant des modèles freemium et/ou BPC (book processing charges).

POURQUOI CES RECOMMANDATIONS ? RÉPONDRE À UNE DIVERSITÉ DE BESOINS OBSERVÉS 

POUR LES ÉTUDIANTS

Des besoins déterminés par la formation

D’une manière générale, les étudiants, quand ils sont familiarisés avec les livres numériques, le sont via les plateformes grand public ou par le téléchargement de livres libres de droits ou considérés comme tels.

Leur recherche ne porte pas sur les livres numériques en tant que tels. Les attentes de ce public sont liées au travail qu’il a à réaliser et le livre numérique est donc abordé de façon pragmatique : il est utile pour lire en dehors des heures d’ouverture de la bibliothèque, pour les étudiants en formation à distance, pour lire à plusieurs en même temps, pour accéder à un contenu recherché quand tous les exemplaires imprimés sont empruntés, pour trouver des livres par leur contenu sans disposer de références, pour profiter de l’immédiateté de la lecture suite à la recherche. Par ailleurs, les étudiants sont de plus en plus nombreux à demander explicitement l’accès à distance à l’ensemble des références bibliographiques transmises par leurs enseignants. Ces ouvrages, regroupés parfois sous le terme « manuels », comprennent des documents qui n’en sont pas mais qui jouent ce rôle dans le cadre d’un cours, pendant un temps donné.

Les étudiants avancés, à partir du master, consultent, en plus des titres recommandés par leurs enseignants, des documents pour leurs travaux de recherche. Cette demande s’apparente à celles des chercheurs.

Les étudiants lisent sur tous les supports disponibles (ordinateur, smartphone, tablettes) en fonction des moments et des besoins de lecture.

La demande globale est donc principalement celle d’ouvrages documentaires universitaires et concerne peu la fiction, même si émerge un intérêt pour des livres numériques de littérature, notamment contemporaine.

Des outils de lecture adaptés

Les étudiants s’approprient d’autant mieux le livre numérique que celui-ci leur facilite l’accès aux textes dont ils ont besoin. On remarque un usage fréquent et une expérience de lecture réussie quand :

  • l’interface est intuitive et ne demande pas d’apprentissage particulier ;
  • les solutions de navigation sont variées (passage d’un chapitre à un titre, rebond d’un sommaire vers un chapitre, retours à la lecture initiale facilités,  etc.) ;
  • le moteur de recherche est performant, complétant le catalogue (ou l’outil de découverte) de la bibliothèque par une indexation fine et facilement déductible des premiers essais ;
  • le partage de tout ou partie d’un titre avec d’autres étudiants ou des enseignants est possible, notamment dans le cadre de travaux de groupe ;
  • le feuilletage de titres non achetés est possible et la suggestion d’achat à leur bibliothèque est intuitive et efficace ; 
  • une aide contextuelle pertinente et multimédia est disponible, de préférence à l’aide globale très peu utilisée.

POUR LES ENSEIGNANTS-CHERCHEURS

Des usages pédagogiques

Pour les enseignants, les livres électroniques constituent une base de travail pour l’élaboration des conférences, travaux pratiques et examens. Ils s’appuient notamment sur la possibilité de consulter de manière simultanée un même ouvrage au sein d’un large groupe d’utilisateurs pendant une courte période, le temps d’un exercice ou pour préparer un examen. 

Les livres électroniques représentent également un espace de potentielle innovation pédagogique. Comme pour les étudiants, la consultation de contenus enrichis permet de développer des pratiques pédagogiques collaboratives, en sortant de la stricte logique de l’équivalence avec le papier. 

Des usages scientifiques

Les chercheurs exerçant leurs fonctions de manière nomade, ils consultent largement les livres numériques à distance et sur des supports de natures différentes. Ils sont ainsi sensibles à la qualité d’utilisabilité de ces différents supports ainsi qu’à la possibilité d’accéder aux ouvrages depuis n’importe quelle connexion internet voire hors connexion. 

L’analyse de corpus réalisée par les enseignants-chercheurs dans le cadre de leurs travaux de recherche est permise par les fonctions de recherche avancée au sein des ouvrages ainsi que par les outils de fouille de textes (TDM). 

Dans un contexte d’intensification des usages numériques, les chercheurs perçoivent également les potentialités du livre électronique en tant qu’auteurs. C’est ainsi qu’émergent de nouvelles formes de diffusion des travaux de recherche notamment permises par la rédaction de contenus enrichis. 

POUR LES BIBLIOTHECAIRES

Des missions de signalement

La mission de signalement des bibliothèques reste fondamentale. L’intégration des e-books au sein des catalogues, grâce à des références bibliographiques au format MARC, au référencement dans les bases de connaissances des outils de découverte et de gestion des ressources électroniques, dans les environnements numériques de travail, et dans les plateformes de gestion de ressources pédagogiques, est indispensable.

La mission de conservation des livres numériques, pour les achats définitifs, tous types confondus, comme pour les souscriptions à des collections, est une préoccupation majeure des bibliothèques pour assurer l’accès perpétuel à ces ressources.

Les bibliothécaires, comme médiateurs, souhaitent pouvoir :

  • bénéficier des dernières éditions parues mais aussi acquérir les éditions plus anciennes à prix réduit ;
  • consulter un ouvrage avant de l’ajouter à la collection ;
  • ajouter des documents à la collection de manière temporaire (en location) ;
  • mettre en place filtres et profils d’utilisation des documents, pour des individus ou des communautés ;
  • ouvrir des tests gratuits sur une collection de documents pertinents ;
  • accéder à une aide en ligne en cas de problème et à une documentation technique pour les administrateurs ;
  • signaler facilement à leurs lecteurs les nouvelles acquisitions, par des courriers électroniques automatiques ou par des fils RSS ou via les réseaux sociaux.

Des analyses des usages

L’identification des usages des étudiants et enseignants-chercheurs est notamment rendue possible par la collecte et l’analyse de statistiques de consultation, réalisées par les bibliothécaires. 

Par ailleurs, les bibliothécaires négociateurs pour Couperin ont un rôle de veille et de prospective sur les nouveaux usages.  Les usages des e-books n’étant pas encore bien fixés, ils pourraient donner lieu à une approche expérimentale.  Des offres éditoriales pourraient être co-construites avec les éditeurs ou les presses universitaires, dans une approche agile, afin de proposer, tester et modifier, si nécessaire, les offres pour les rendre mieux adaptées aux usages constatés.

De manière plus générale, les bibliothèques membres de Couperin ont un rôle dans la visibilité donnée aux publications numériques et dans la biblio-diversité, de ce fait, toutes les expérimentations sont les bienvenues.

Enfin, l’évaluation jouant un rôle considérable dans la politique documentaire des établissements, il est crucial que les bibliothèques disposent de statistiques de consultation fiables et comparables, en conformité avec les recommandations COUNTER les plus récentes.